Samira Sedira, la comédienne devenue femme de ménage et surtout écrivain...

Publié le par Laurent Digon (professeur documentaliste)

 

 

le vendredi 18 octobre 2013

dans le cadre de la fête du livre, en lien avec l'association "Lire à Saint-etienne",



le CDI a proposé une belle rencontre avec l'écrivain SAMIRA SEDIRA

 

les élèves du club lecture (seconde BAC PRO COMMERCE) ainsi que les première BAC PRO COMMERCE

ont pu échanger pendant une heure avec elle sur son premier livre :  

 

 

"Samira Sedira, la comédienne devenue femme de ménage

 

Pendant vingt ans, elle a été comédienne dans le théâtre public français. Et soudain, plus de contrats. Arrivée en fin de droits, Samira Sedira (née en Algérie en 1964) devient femme de ménage, comme si le destin rattrapait ainsi cette fille d'immigrés analphabètes et mutiques.

Un jour, elle croit voir les yeux de sa mère au fond d'un siphon de lavabo. Alors elle se met à écrire pour donner des mots à ses parents, qui en furent privés, et retrouver sa «voix». Elle dresse un beau et doux portrait de cette mère dépressive qui avoue, les larmes aux yeux, ignorer comment faire les courses ou signer un papier, et dont le seul luxe était le savon Lux Beauté, à l'odeur aussi tenace, dans la mémoire de sa fille, que celle des théâtres.

Samira Sedira ne fait plus de ménages et n'a pas de travail, hormis quelques petits tournages. Elle vit à Maisons-Alfort avec son fils de 7 ans et demi et son compagnon, professeur de sciences:

Il n'a pas un gros salaire, mais c'est suffisant pour que je ne touche rien, même pas le RSA. Payer ma part en écrivant ce livre, c'était rester vivante. Tout ce que j'ai écrit est vrai. A une exception près: je ne suis pas fille unique.»

Vrais, cette dignité et cette misère des Algériens exilés, l'invisibilité des femmes de ménage aux yeux de leurs employeurs et le bonheur perdu des tournées de comédienne. «Je n'ai jamais été une star, mais je travaillais régulièrement.»

Vraie, la choquante indifférence de la prétendue grande famille du théâtre:

Dans ce milieu, on ne peut pas dire: donne-moi du boulot, j'en ai besoin. Ce que peut faire une caissière ou une comptable. Alors qu'une actrice passe pour une has been.»

Ironie du sort : l'un de ses derniers rôles, c'était dans «Daewoo», de François Bon, portrait d'ouvrières licenciées. Privée de scène, elle s'est «sentie comme un grand hall vide». Mais elle a su faire de son histoire un roman généreux où l'on entend la voix des humbles et l'amour des mots.

On lui propose déjà d'en faire l'adaptation théâtrale: «Oui, mais sans moi. Le lire ou le jouer, ce serait le revivre.» Seule sa mère, qui n'a jamais appris à lire, aura droit à une lecture de «l'Odeur des planches». A voix haute."

Texte extrait du site web du Nouvel Observateur/Bibliobs rédigé par Odile Quirot.

L'Odeur des planches, par Samira Sedira
coll. «La brune», Editions du Rouergue, 144 p., 16 euros.

 

 

 

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